mardi 8 septembre 2009

Kino-Pravda Hebdomadaire numéro 37

Encore un article de Kino-Pravda, datant de 2001.
J'étais persuadée d'en trouver un troisième à publier. Je cherche encore.
C'est peut-être mieux ainsi, vu la qualité de la plume... :P


Sera tenue par mes soins, jusqu’à nouvel ordre du rédacteur en chef (que je remercie en passant de sa très prompte invitation), une rubrique mensuelle principalement dédiée au sport à la télé. Il y sera question de l'actualité sportive, bien sûr, des retransmissions live aux émissions consacrées, commentées sous la forme de compte-rendu, mais aussi de psychologie, de dramaturgie, de politique, de philosophie, et pourquoi pas de poésie. Diantre, persifle déjà un certain lectorat de Kino-Pravda. En voilà, une idée qui n'est pas réjouissante et qui tombe plutôt mal. C'est que nous autres cultureuses et cultureux cultivons une aversion pour la chose « sport à la télé ». Elle est un peu trop beauf, me direz-vous, pour être cultureusement correcte. Et du reste, s’enfermer des heures devant un bocal ne fait pas partie de nos prérogatives estivales. Plein air, festivals, bronzette, terrasses, tout ça. Ha ha, en attendant, vous n'aviez pas l'air de cracher dans la soupe populaire diffusée sur grand écran, le soir du 12 juillet 1998, au point de la préférer massivement au concert de BB King à Montreux et au soleil qui tapait sur la côte vaudoise (pas la peine de mentir, j’y étais !). Ah, mais le Mondial, ce n’est pas pareil, vous insurgez-vous illico. Et puis de toute façon, la télé comme le sport, ce n’est pas de l’art. Ca se prend, ça se jette sans réfléchir. Les passer au crible de la critique ne sert à rien. Mmm. Croyez que je me suis longuement creusée sur la question qui n’est pas erronée d’ailleur. C’est la société du prêt-à-penser qui est dans le vrai, et moi qui suis dans le faux à vouloir me décarcasser la cervelle. Il n’empêche que je m’amuse follement.

Bon, on n’a pas une seconde chance de faire une première impression et je crois avoir d’emblée réussi à me faire détester à vie par la plupart d’entre vous. Quant aux plus obstiné€s qui n’ont pas encore réalisé où ils mettaient les yeux, je m’en vais de ce pas leur résumer crânement ce qui les attend. Juillet s’inaugure avec le Tour de France et finira en queue de poisson dopé et en lamentations sur les plateaux de France 2. Chouette. Arriveront dans la foulée, la Golden League d’athlétisme et le Championnat du Monde de Natation, et c’est tant mieux parce qu’on était sans nouvelles ou presque de nos médaillé(e)s olympiques depuis septembre dernier. Evidemment que oui, je m’attaquerai au transfert de Zizou chez Real Madrid comme à toutes ces affaires footeuses sans lesquelles la vie n’en vaudrait décidément pas la peine. A propos de cause perdue, niveau audimat j'entends, j’énumère rapidement, équitation, tir à l’arc, gymnastique, aviron, haltérophilie, fléchettes, golf, escrime, volley, handball, polo, pelote basque, billard, même s'il n'y a pratiquemsnt que Eurosport que ça intéresse, pas vrai ? Côté tennis et sports motorisés, alors là, je vous plains d' avance parce que moi en être fan finie et en avoir des tonnes à déverser. Cela pourrait vite devenir insupportable, alors je me retiendrai ce coup-ci, et ne donnerai pas mon d’avis sur la façon dont la chaine RTL, a récemment mis en boite les siamoiseries Fl des frères Schumacher. Non, non. Je ne parlerai pas non plus du fameux jeu de jambes (galbées) de Venus Williams sur ses balles courtes croisées, qui se donnait à voir toute la semaine. Sinon pour dire qu'il est tout simplement inouï. Enfin, inouï n’est pas le mot. Voilà pour l’introduction. J’ai gaspillé de précieuses lignes, je sais, mais je savoure puisque je ne suis pas sûre de revenir la prochaine fois. Quoi qu’il en soit, attaquons sans plus tarder, si vous avez le courage…




EVIAN, LA VILLE ET LA BOISSON DU MEME NOM

Le différé des Masters de golf féminin d’Evian, proposé lundi soir dernier par Léman Bleu, est d’entrée de jeu, j’en ai peur, le meilleur prétexte pour parler des mauvais rapports entre sport et télévision.



Parce qu’une certaine naïveté n’est aujourd’hui plus de mise, on avait déjà compris que l’événement des Masters de golf d’Evian est un cadre idéal pour faire valoir à la fois, une discipline sportive (le golf), une chaîne local (Léman Bleu Télévision), une région (la plaisancière ville d’Evian surplombant le bassin lémanique), un marque d’eau minérale et le luxe du Royal Club Golf. Les bras et les jeux de mots m’en tombent, tellement c’est magnifique. Ce sont les échanges de procédés dont l’univers audiovisuel du sport raffole.
On était toutefois disposé à ne pas se faire les griffes sur cet étalage publicitaire, puisqu’on espérait en fait ne voir qu’une chose : que l'imposante joueuse suédoise, Maria Hjorth, actuelle leader du championnat s'impose, et que sa rivale française, la belle Marine Monnet lui embouche en beauté quelques coins. Bref, que le golf, puisqu'il était un sport noble prenne donc à nos yeux, ses lettres de noblesse.





L’ennui, c’est qu’on eut le temps de juger de rien, tant Léman Bleu se prit toute la « couverture » à elle, à grand renforts de coupes incessantes et de travellings inutiles sur une herbe désespérément verte et vide de sens. Ce phénomène qui agace et qui n’est pas rassurant, est connu. Plus personne n’ignore, à moins de se voiler la face, que c’est la forme creuse qui domine sur l’envie de montrer de nos jours. L’illusion du graphique du mouvement au détriment du mouvement des sujets filmés. La forme qui emprunte dès qu’elle peut des gimmicks à succès (zooms avant, panoramiques, etc…), pour assurer une fonction de vérification des machines et permettre aux télévisions qui ont abusent de signifier leur présence. C’est sûr, Léman Bleu était bien « sur le terrain » et a même « taper quelques balles » elle aussi. Dommage que l’on n’ait pas pu voir ce qu’elle était censée filmer. Tout ceci, soit dit en passant, n’est pas une raison suffisante pour se décourager et bouder le golf à la télé.



2 juillet 2001
Golf
Evian Masters
Léman Bleu Télévision

1 commentaire:

  1. Ah, je crois me souvenir de celui qui éditait cette revue, un gars de Rolle qui travaillait dans un vidéo-club, magasin qui comptait Jean-Luc Godard comme drôle de client (surtout par la nature des films qu'il louait). Pour un peu on prendrait ça pour un film :P

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